Chasse & pêche

4 eurodéputés demandent une révision et un abaissement du statut de protection des loups dans l'Union européenne

Question parlementaire

Européenne

Sur le site du Parlement européen :

Compte rendu in extenso des débats
Révision du statut de protection des loups et d’autres grands carnivores dans l’Union :

Marie Dauchy (ID):

Madame la Présidente, chers collègues, une attaque de loup sur le poney de Madame Von der Leyen a enfin amené ce débat à l’ordre du jour. Mais nos éleveurs subissent ces attaques depuis des années sans recevoir les moyens nécessaires pour y faire face. Le problème qui préoccupe nos éleveurs depuis longtemps semblait jusqu’à présent bien éloigné de vos préoccupations de technocrates retranchés dans votre tour d’ivoire.
Mais aujourd’hui, c’est en tant qu’élue savoyarde que je prends la parole, parce que je rencontre chaque semaine des éleveurs qui sont à bout, ne sachant plus quoi faire pour s’en sortir. À la pénibilité du travail, à la faible reconnaissance sociale, à l’étouffement fiscal, etc., on ajoute la problématique du loup, qui est un véritable fléau pour nos éleveurs. La Savoie est le troisième département le plus touché avec 4 à 8 constats d’attaque par jour. Pour être indemnisé en cas d’attaque, il est demandé à nos éleveurs d’être équipés de moyens de protection, mais aujourd’hui, aucun n’est véritablement efficace. J’ai rencontré une éleveuse en Maurienne qui, malgré l’utilisation de filets électrifiés, d’un berger et de plusieurs patous, a été attaquée à plusieurs reprises.
La mise en place de moyens de protection est complexe, comme les chiens par exemple, qui doivent être en nombre suffisant, issus d’une bonne lignée et bien dressés. Mais malheureusement, les centres de dressage spécialisés sont rares ou inexistants – aucun en Savoie par exemple. De plus, les chiens de protection font l’objet de nombreuses plaintes de la part des voisins, des promeneurs, et même des maires.
Il est de bon ton de voter contre l’abattage du loup au nom du bien-être animal. Mais où est ce bien-être animal lorsque le loup attaque des dizaines de brebis et les laisse agoniser pendant des heures? Face à l’augmentation de la prédation et à la détresse immense de nos éleveurs, il est urgent d’agir. Si vous restez spectateurs de cette situation désastreuse, nous perdrons bientôt tous nos éleveurs, qui sont pourtant la richesse et l’identité de nos territoires. Chaque jour en France, un agriculteur se suicide. Derrière ce chiffre, il y a des vies et des familles brisées, plongées dans un deuil inconsolable. Et comme le disait Jean de La Fontaine: «les belles paroles ne valent rien sans les actions qui les accompagnent».

Anne Sander (PPE) :

Madame la Présidente, Madame la Commissaire, aujourd’hui, je crois, est un grand jour, parce que non seulement la présidente de la Commission européenne parle d’agriculture pour la première fois dans son discours sur l’état de l’Union, mais en plus, nous avons aujourd’hui l’occasion de remettre sur la table le statut du loup.
Cela, Madame la Commissaire, je voudrais vous en remercier, parce que nous ne pouvons pas continuer à ignorer la colère et le désarroi des éleveurs. Cela fait des années que nous appelons un moratoire sur le loup en Europe en vue de son déclassement. Les populations de loups ont prospéré en Europe et leur territoire s’est accru de 25 % en dix ans, augmentant ainsi les interactions avec l’homme, de même que la prédation des élevages européens. En dix ans, le nombre d’attaques a doublé, décimant un certain nombre d’élevages.
Le statu quo actuel de la protection du loup est une punition qui s’étend bien au-delà de l’aspect financier pour les éleveurs. Comment donner aux jeunes agriculteurs l’envie de s’installer, en particulier dans les zones de montagne, mais, bien au-delà, dans les zones dont l’économie et les paysages souffriront aussi de la perte progressive du pastoralisme? La biodiversité elle-même pourrait être remise en cause, victime directe du loup.
C’est pourquoi je vous remercie vraiment d’avoir ouvert la discussion. Nous devons maintenant passer des paroles aux actes. C’est urgent et nous attendons avec impatience une proposition de la Commission européenne.

Jérémy Decerle (Renew):

Madame la Présidente, Madame la Commissaire, contrairement à ce que certains pensent, pour les victimes, le problème de la prédation n’a rien d’anecdotique. 11 000 animaux tués, déchiquetés, en France, 4 000 en Allemagne, 700 en République tchèque. Face à ces chiffres, le bénéfice pour la biodiversité est largement discutable. On peut admirer le loup, l’ours et autres carnivores, mais on ne peut pas fermer les yeux sur les dégâts qu’ils causent, sur le stress et la détresse qu’ils engendrent chez les éleveurs.
J’invite donc ceux qui n’assument pas cette réalité, qui aiment ces gentilles bêtes mais les aiment de loin, depuis leurs villes, à leur offrir une place de choix sur leur balcon, dans leur parc urbain ou leur forêt péri-urbaine. Les prédateurs ne connaissent pas de frontières, et comme l’a dit Ursula von der Leyen: «face aux grands carnivores, l’élevage européen est en danger». Pour apporter des réponses concrètes, harmonisons le comptage, facilitons l’abattage et ayons le courage politique de réviser le statut du loup et des autres si nécessaire.

Gilles Lebreton (ID):

Madame la Présidente, chers collègues, le loup n’est plus une espèce en danger en Europe. On estime par exemple qu’il y a aujourd’hui plus de 1 100 loups en France, alors qu’il n’y en avait plus du tout au début des années 1990. Plus de 10 000 animaux d’élevage, en grande majorité des moutons, y sont désormais tués par eux chaque année.
On ne peut plus continuer sur cette voie sans mettre gravement en péril les activités d’élevage. C’est pourquoi je demande qu’on déclasse le loup à l’intérieur de la liste des espèces protégées par la directive «Habitats» de 1992. Plus précisément, je demande qu’on le fasse passer de son annexe IV, qui concerne les espèces en danger, à son annexe V relative aux espèces qu’on peut réguler. Cette opération permettrait d’augmenter le nombre des prélèvements pour empêcher la croissance exponentielle de la population des loups, tout en continuant à assurer la sauvegarde de l’espèce. Soyons raisonnables, tâchons de concilier la défense du loup avec la nécessaire protection de nos activités d’élevage.

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Crédits

Soumis par Thierry Lherm

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