Sur le site du Dauphiné :
Pour Bernard Accoyer, l’abattage de tous les bouquetins du Bargy est indispensable, compte tenu du risque économique et sanitaire que ferait courir une épizootie de brucellose parmi les troupeaux. Photos Archives DL/G.Y.
"Bernard Accoyer estime qu’il faut abattre tous les bouquetins du Bargy, au nom du principe de précaution, pour éviter le risque de transmission de la brucellose aux troupeaux et aux humains. Il l’a écrit ce samedi au Premier ministre Jean-Marc Ayrault.
Le député UMP de Haute-Savoie s’inquiète des positions prudentes prises par le Conseil national de protection de la nature (CNPN) et par l’Agence nationale sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (ANSES).
Tous deux considèrent en effet qu’un abattage sélectif des animaux malades serait préférable (lire nos éditions du 13 septembre).
En s’adressant directement à Matignon, Bernard Accoyer espère faire pencher la balance en faveur du préfet de la Haute-Savoie, qui avait formulé, en juin, une demande d’éradication de tous les bouquetins présents sur ce massif.
C’est à ce titre que le CNPN, instance consultative, a rendu mercredi un avis négatif.
« L’éradication-réintroduction est la seule mesure à prendre »
Le député estime pour sa part que « l’éradication-réintroduction est la seule mesure à prendre », face à l’importance de l’épizootie mais aussi à son caractère très circonscrit.
« Le taux d’infestation des bouquetins du Bargy par la brucellose est de 40 % et de 25 % chez les jeunes, ce qui est absolument énorme », remarque Bernard Accoyer.
Selon lui, une transmission aux troupeaux de bovins mettrait en péril tout un pan de l’économie haut-savoyarde, voire nationale.
« Notre pays est déclaré indemne de brucellose, ce qui n’a pas toujours été le cas. Ce statut nous permet d’exporter notre viande et notre lait. Le garder est un enjeu vital pour ces filières » appuie-t-il.
Enfin, le médecin s’inquiète des possibles conséquences sur la population humaine. La brucellose se transmet très rarement, mais lorsque cela se produit, « c’est une maladie grave car difficile à diagnostiquer, qui provoque des infections des os -ostéites- et des articulations -arthrites-, avec des séquelles » expose Bernard Accoyer."
commentaire :
Ce souhait de bernard Accoyer d'abattre l'ensemble des Bouquetins du bargy est un véritable appel à éradiquer une espèce protégée de toute chasse symbole emblématique des montagnes et de la biodiversitée des Alpes et déjà décimé dans le passé par l'homme.
L’arrêté ministériel du 23 avril 2007 stipule que l’abattage du Bouquetin des Alpes est interdit sur tout le territoire métropolitain et en tout temps. Malgré cette protection, l’arrêté préfectoral n°2013274-0001, signé le 1er octobre 2013 par le Préfet de Haute-Savoie, ordonne l’abattage des bouquetins de cinq ans et plus, dans le massif du Bargy. Valable un an, cet ordre d’abattage est consécutif à la découverte, en avril 2012, d’une souche de Brucella, bactérie responsable de la brucellose, dans le lait d’une vache. Depuis cet événement, des investigations ont été conduites, et ont permis de détecter la présence de brucellose chez une minorité de bouquetins du Bargy.
Le 4 septembre 2013, l’Agence Nationale de Sécurité Sanitaire de l’Alimentation, de l’Environnement et du Travail (ANSES) a publié un avis relatif aux « mesures à prendre sur les bouquetins pour lutter contre la brucellose dans le massif du Bargy ». Dans ce rapport, les experts « s’interrog[eaient] sur la réalité de l’urgence (et notamment d’une mise en œuvre [d’un plan d’abattage] avant la fin de l’année 2013) ». Ils « insist[aient] sur l’importance d’un temps scientifique avant la mise en œuvre de mesures de gestion », et regrettaient « que cette saisine leur ait été confiée assortie d’un délai très court conjugué à un contexte d’incertitudes épidémiologiques ». La population des bouquetins du Bargy est si peu connue que les statistiques du rapport indiquent, à la page 37, qu’il est possible que les jeunes mâles soient nettement plus touchés par la maladie que les plus âgés. C’est donc dans « un paysage de connaissances très incomplet » que la décision a été prise de tuer tous les individus de cinq ans et plus.
Les experts affirment que « le risque de transmission de la brucellose des bouquetins aux cheptels domestiques reste minime ». La contamination d’un cheptel domestique par des bouquetins « qui s’est produite en une unique circonstance sur 12 ans de cohabitation animaux domestiques - faune sauvage (…) correspondrait plutôt à un évènement de type accidentel et exceptionnel. » Ainsi, en automne 2012, l’absence d’infection chez les 211 troupeaux éventuellement exposés a été démontrée. Les experts estiment que le risque de transmission de la brucellose du bouquetin aux cheptels domestiques est minime pour les bovins, extrêmement faible pour les ovins et compris entre extrêmement faible et faible pour les caprins. Ils évoquent plusieurs solutions alternatives à l’abattage massif, choix risqué à plus d’un titre, dont la vaccination, l’application de mesures de biosécurité (tenir les troupeaux à l'écart des zones de pâture des bouquetins est peu contraignant : « les contacts rapprochés entre bouquetins et ruminants domestiques sont en effet rares ») ou encore l’abattage ciblé sur les animaux séropositifs ou cliniquement suspects.
L’ANSES conclut que son « analyse ne permet pas de confirmer la nécessité de mettre en œuvre dans l’urgence les actions d’abattage envisagées », et déclare avoir besoin de données complémentaires pour se prononcer sur l’efficacité des différentes mesures. Malgré cet avis, reflet d’une expertise scientifique indépendante et pluraliste, au moins 197 bouquetins ont été tués au cours du mois d’octobre 2013.
Commentez directement sur leurs pages Facebook