« La population des loups est en progression. Il faut s’en réjouir. C’est un excellent indicateur de la qualité écologique de notre territoire. Mais il faut la réguler, en prenant en compte l’extraordinaire prolificité de cette population dans les 5 dernières années. Une écologie responsable ne donne pas plus de droit d’exister aux loups qu’aux éleveurs. [...] Il faut augmenter la prévention contre les attaques et arrêter les tirs de prélèvements sans les exclure de la négociation future. »
Intégralité ci-dessous de la tribune de Grégory Merly, en charge du milieu naturel pour la campagne 2012 de Corinne Lepage :
Vers une meilleure cohabitation entre les éleveurs et les loups
« Face au loup, ce sont les agriculteurs qui grognent. Face aux agriculteurs, c’est la société civile qui prend les fourches. On est dans un triangle amoureux où les loups, les agriculteurs et la société civile sont chacun la bête noire de l’autre. Une écologie responsable doit remettre de l’ordre dans cette cohabitation. »
Comment apaiser les relations ? Le premier geste est de reconnaître le rôle de chacun : reconnaître un droit d’existence au loup et un droit d’existence aux éleveurs de montagne.
Dans quelles conditions ce mariage entre les éleveurs et les loups peut-il se faire ? 250, c’est le nombre de loups sur le territoire français estimé par le MEDDTL. Dans le seul département des Alpes Maritimes, les loups sont responsables de 353 attaques occasionnant 1435 victimes pour l’année 2011 (source DREAL Rhône-Alpes). La population des loups est en progression. Il faut s’en réjouir. C’est un excellent indicateur de la qualité écologique de notre territoire. Mais il faut la réguler, en prenant en compte l’extraordinaire prolificité de cette population dans les 5 dernières années. Une écologie responsable ne donne pas plus de droit d’exister aux loups qu’aux éleveurs.
Quel est le ressenti de la population agricole ? Les élevages touchés par le loup sont, pour la plupart, des élevages ovins de montagne. Le système pastoral est déjà soumis à de forts handicaps naturels. C’est la double peine pour ces éleveurs qui composent à la fois avec les contraintes naturelles et avec le loup. Comment supporter, dans ces conditions, la concurrence avec les élevages de plaine ? Sans parler de l’aspect psychologique des attaques de loup. Qui connaît la douleur d’un éleveur qui perd une « bonne mère » et un vieux bélier ?
Les mesures préconisées par le gouvernement ne protègent bien ni les loups, ni les agriculteurs. Aller plus loin que le gouvernement actuel en matière de cohabitation entre les loups et les éleveurs, c’est facile. Le loup est là, il doit y rester. Mais tout doit être fait pour prévenir les attaques de loup. Les investissements faits par les éleveurs et liés aux mesures de protection (patous, gardiennage, clôtures) doivent être pris en charge par l’Etat dans leur totalité.
L’inspection des carcasses ne doit plus être ressentie comme une procédure d’inquisition. Quant aux tirs, mesures qui ébranlent le plus la société civile, il faut bien distinguer deux choses :
- les tirs d’effarouchement ne font plus effet car les loups se sont accoutumés ;
- les tirs de prélèvement qui sont des tirs d’éradication et qui sont passés de 1 à 6 entre 2011 et 2012.
Il y a une absurdité à définir un seuil de prélèvement d’un loup par an pour une population mobile de 250 animaux. C’est ce prélèvement unitaire qui cristallise les passions. Il faut augmenter la prévention contre les attaques et arrêter les tirs de prélèvements sans les exclure de la négociation future.
Dans une écologie responsable, c’est le loup qui s’invite à notre table. Pas le contraire
Mais soyons un bon hôte."
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