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EELV Lozère rappelle que la protection du loup est un impératif d'intérêt général inscrit dans les lois francaises et européennes

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Si la préservation des conditions de travail et de vie des éleveurs est bien évidemment un objectif souhaitable, la protection du Loup comme celles d’autres espèces menacées de disparition est un impératif d’intérêt général inscrit dans les lois françaises et européennes. On ne peut pas sacrifier l’un à l’autre. Il incombe aux pouvoirs publics de faire concilier sur un même territoire les intérêts locaux et l’intérêt général, le court terme et le long terme.
C’est aux services de l’Etat de fournir l’accompagnement technique, logistique et financier qui permettra de mettre en place les meilleures techniques de protection possibles.

Ecologie Les Verts ne crie pas AU LOUP

Communiqué de presse d’EELV Lozère du 6 octobre 2012

Depuis le début de l’été beaucoup de voix s’élèvent pour tenter d’empêcher le retour du Loup en Lozère. Certains élus, des éleveurs et des responsables professionnels agricoles demandent à l’administration d’éradiquer cette espèce du territoire lozérien avant même que celle-ci ne s’installe de manière permanente.

Quels sont les faits à l’origine de cette nouvelle croisade ? Ces quatre derniers mois 49 attaques de troupeaux ont été déclarées dont 40 sur le causse Méjean. Dans 20 cas les experts « n’écartent pas la responsabilité » du ou des loups qui auraient tué 26 ovins et blessé 18 autres1. Dans les 29 autres cas ils seraient hors de cause. C’est-à-dire que des chiens domestiques divaguant font aussi de gros dégâts aux troupeaux (22 bêtes tuées et 44 blessées)2.

L’exaspération et l’inquiétude des éleveurs sont donc tout à fait compréhensibles. Nous les comprenons d’autant plus que plusieurs d’entre eux ont des pratiques écologiques que nous aimerions bien voir adoptées par davantage d’élevages en Lozère : système pastoral, plein air en été, agriculture biologique, transformation, AMAPP3,…

Il faut tout de même raison garder et essayer d’apprécier ces faits en les mettant dans leur contexte, non pas pour les minimiser mais pour les objectiver. Les pertes pour lesquelles « la responsabilité du Loup n’est pas écartée » comme disent, avec la prudence scientifique qui s’impose, les constats d’expertises, représentent peut-être 1% des effectifs des troupeaux concernés à comparer avec les 3 ou 4 % par an de pertes « naturelles » habituellement constatées dans les élevages par maladies ou accidents. Le chiffre de 26 ovins tués par le Loup doit aussi être comparé aux pertes dues aux attaques de chiens qui sont aussi un véritable fléau et qu’on peut, en lisant la presse locale, estimer à plusieurs dizaines par an. Personne ne réclame la mort des coupables et les autorités municipales mettent bien peu d’empressement à tout simplement faire respecter la loi qui interdit la divagation des chiens.

Alors pourquoi tant d’acharnement ?

L’élevage ovins-viande est sinistré depuis des décennies par les mécanismes du commerce international qui en trente ans ont fait chuter les cours de moitié. Les mécanismes compensatoires de la PAC l’ont défavorisé par rapport aux autres productions d’élevage. Malgré l’augmentation importante de la taille des troupeaux, le revenu des moutonniers est à la traîne de celui des autres catégories d’agriculteurs et leur nombre décroît encore plus vite que celui de l’ensemble des paysans lozériens. Ils ont cherché une planche de salut en jouant plus que les autres le jeu des mesures agroenvironnementales mais celles-ci ont complexifié la gestion des exploitations et accru leur dépendance à l’égard des financements publics.

Le Loup semble donc bien plus un bouc émissaire des difficultés de l’élevage ovin qu’un risque majeur dont il faut à tout prix se préserver. Il est aussi pour beaucoup l’occasion de dénoncer le poids croissant des impératifs écologiques sur les politiques publiques (ici la préservation de la biodiversité). C’est ainsi que certains élus, au lieu d’aider les éleveurs à dépasser leur légitime émotion en rajoutent dans la surenchère et dénoncent aussi la présence des vautours, des cerfs … et même des castors !

Si la préservation des conditions de travail et de vie des éleveurs est bien évidemment un objectif souhaitable, la protection du Loup comme celles d’autres espèces menacées de disparition est un impératif d’intérêt général inscrit dans les lois françaises et européennes. On ne peut pas sacrifier l’un à l’autre. Il incombe aux pouvoirs publics de faire concilier sur un même territoire les intérêts locaux et l’intérêt général, le court terme et le long terme. On ne peut pas proclamer que toute cohabitation entre le Loup et l’élevage ovin est impossible avant d’avoir tout fait pour que cela devienne possible. C’est aux services de l’Etat de fournir l’accompagnement technique, logistique et financier qui permettra de mettre en place les meilleures techniques de protection possibles. Aux éleveurs de les valider, en tenant compte des éventuelles spécificités de leur situation (pâturage nocturne sur parcours boisés par exemple !) et des contraintes de travail qu’elles occasionnent.

Le Parc National des Cévennes, seul Parc National dont la « zone cœur » est habitée de manière permanente, a naturellement vocation à rechercher, expérimenter et encourager les pratiques visant à concilier la préservation de la biodiversité et les activités humaines de son territoire. On ne peut être que consterné lorsqu’on entend le président et le directeur de cet organisme accepter le principe de l’éradication d’une espèce protégée (ML 20 septembre, LN 21 septembre).

Comment pourrait-on s’émouvoir, protester et agir contre le risque de disparition des derniers grands animaux sauvages en Afrique ou en Asie, si on empêche le Loup, l’Ours ou le Lynx de vivre dans nos régions ?

L’Espagne héberge 1 500 à 2 000 loups et l’Italie 500 à1000 sans problèmes majeurs. Pourquoi la France ne pourrait-elle pas accueillir 150 à 200 loups et la Lozère quelques individus ?

Le Loup, grand carnivore au sommet de la chaîne alimentaire contribuera à restaurer l’équilibre des écosystèmes en limitant la prolifération des grands herbivores. Il est le signe d’une remontée biologique encourageante pour tous ceux qui ne se résignent pas à voir leur environnement s’appauvrir, s’enlaidir et se banaliser. Le Loup peut aussi devenir le puissant élément d’attractivité qui manque au département pour relancer une activité touristique en perte de vitesse. Au-delà de ces considérations utilitaristes, un pays où une nouvelle espèce sauvage peut vivre est un pays plus riche et plus vivable pour les hommes qui l’habitent, car la vie n’est pas que gestion, aménagement et régulation. Les animaux sauvages dans leur insoumission et leur diversité sont aussi source d’émotion, de création, de rêve, sans lesquels il n’y a pas de liberté.

Le groupe lozérien d’Europe Ecologie Les Verts :

  • Assure de sa sympathie et de sa compréhension les éleveurs victimes d’attaques répétées de grands canidés sur leurs troupeaux.
  • Pense que tout doit être mis en œuvre pour permettre la réinstallation du Loup en Lozère en minimisant les préjudices causés à l’élevage pastoral.
  • Favorisera la rencontre et le débat constructif entre les éleveurs, les écologistes et l’ensemble des Lozériens.
  • Demande au Préfet de ne pas proroger l’arrêté d’autorisation des tirs au-delà de la date prévue du 8 octobre.
  • Appelle les administrateurs du Parc National des Cévennes qui doivent se réunir le 18 octobre à débattre sereinement de l’opportunité d’un éventuel retour du Loup dans son territoire et à définir en concertation permanente avec les éleveurs les meilleures méthodes pour protéger les troupeaux en excluant la destruction systématique des loups. Ils devront aussi décider des moyens humains et financiers nécessaires à leur mise en œuvre sur l’ensemble de l’aire d’adhésion du Parc.

Défendra, au côté des associations de protection de la nature le droit à la vie d’une espèce protégée par les lois françaises et internationales.

1 Les animaux tués ou blessés et les pertes indirectes sur le troupeau pour lesquelles la responsabilité du loup « n’est pas écartée » sont indemnisés
2 Situation au 1er octobre 2012
3 Association pour le Maintien de l’Agriculture paysanne de proximité.

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Crédits

Soumis par Thierry Lherm

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