Question orale n° 2088S de M. Cyril Pellevat (Haute-Savoie - Les Républicains) :
M. Cyril Pellevat attire l'attention de M. le ministre de l'agriculture et de l'alimentation Sur l'épidémie de brucellose en Haute-Savoie et sur la nécessité de procéder à l'abattage total des bouquetins du Bargy.
Un nouveau cas de brucellose, maladie dangereuse pour l'homme qui peut être contaminé par le biais de produits laitiers, a été détecté dans un élevage de vaches laitières dans le massif du Bargy en Haute-Savoie. Les scientifiques sont unanimes, la vache séropositive a été contaminée après avoir été en contact avec des bouquetins porteur de la maladie. Il est en effet connu que la prévalence de la maladie est élevée dans le troupeau de bouquetins qui se trouve sur le massif. Pour éviter tous risques pour l'homme, le troupeau de vaches a dû être entièrement abattu, ce qui entraîne des conséquences économiques désastreuses pour l'éleveur, mais aussi pour l'ensemble de la filière du fromage non pasteurisé, et notamment celle du reblochon.
Voilà maintenant neuf ans que ce malheureux feuilleton dure, et l'agence nationale de la sécurité sanitaire alimentaire nationale (ANSES) a été saisie à de nombreuses reprises pour essayer de déterminer la solution la plus adaptée. Dans chacun de ses avis, et même si elle a proposé des solutions alternatives, qui ont d'ailleurs toutes été essayées et qui ont toutes échoué à permettre une élimination de la séroprévalence dans le troupeau de bouquetins, l'abattage total du troupeau est toujours le scénario qui présente la plus haute probabilité d'une extinction de l'épidémie. Malgré cela, c'est à nouveau la voie de la constitution d'un noyau sain qui a été retenue, malgré les nombreux échecs de cette méthode.
Il peut être avancé que la solution d'un abattage total présente un risque pour la conservation de l'espèce, mais l'ANSES elle-même relève que, d'après le groupe national bouquetins, la France compterait une quarantaine de populations de bouquetins pour environ 10 000 individus. Ainsi, l'abattage des bouquetins du massif du Bargy ne remet pas en cause la conservation de l'espèce.
Il est aussi possible d'arguer que cette solution présente un risque de fuite des bouquetins vers d'autres massifs. Pourtant, dans ce même avis, l'ANSES indiquait que l'office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) affirme qu'il est possible d'empêcher les fuites d'animaux par les couloirs identifiés en y mettant les moyens appropriés et que les experts considèrent que le risque de fuite serait en conséquence très faible si les moyens mis en œuvre étaient effectivement importants. Il s'étonne d'ailleurs que ce point n'ait pas été repris dans le dernier avis de novembre 2021.
Enfin, le dernier argument qui pourrait être opposé à cette solution est que le scénario de l'abattage total risque d'empêcher la surveillance de la maladie, car seul un petit nombre de bouquetins réussira à y échapper. Cependant, même si elle sera effectivement plus difficile, rien n'empêchera la surveillance si des bouquetins sont de nouveau repérés sur le massif.
Cette question n'a jamais été politique, elle est scientifique. Il lui demande donc s'il compte se mettre du côté de la science, ou s'il va laisser des associations dicter des solutions dont l'inefficacité a été prouvée.
Il est temps de mettre fin à la prise de risque des agents de l'office français de la biodiversité (OFB), de mettre fin à l'anxiété et la souffrance des éleveurs, de mettre fin à l'inéquité de traitement entre les troupeaux de vaches et ceux de bouquetins. Il est temps d'arrêter de jeter des millions d'euros par la fenêtre, d'arrêter les demi-mesures et tergiversations. Il est temps de prendre des décisions qui soient enfin à la hauteur des enjeux sanitaires et économiques.