Extrait du site de Marie-Christine Blandin Sénatrice EELV :
"Avant d’aborder ce texte sur le fond, je voudrais d’abord attirer votre attention sur son occurrence.
Des salariés et des agriculteurs se suicident, des écoles ferment, il n’y a plus de médecins dans les campagnes, la sécurité sanitaire vacille sous la pression des influences, mais environ tous les 3 ans, de préférence avant des élections, il faut que nous occupions le parlement avec la chasse.
Ni les artisans, ni les universités, ni les PME, ni les chômeurs n’ont cette chance. Sur les bancs, les groupes ont délégués les plus fervents, et l’unanimité est à portée de main, même s’il ne reste en France que 1 300 000 chasseurs, soit 2% de la population.
L’unanimité, vous l’aurez, sur des articles utiles et raisonnables, comme l’article 5 sur les fusions d’ACCA, ou des actes de bon sens comme l’article 7 sur le permis de chasse.
Mais ce qui relève :
de l’inutile – remplacer le terme écosystème par le terme biodiversité ;
du prosélytisme – renforcer le droit d’intervenir dans les écoles ;
de la tentative de privation de liberté des non-chasseurs sera combattu par les écologistes.
L’article 1 sur les actions d’éducation ne vous apporte rien de plus. Un de vos représentants, Monsieur ETTORI, vice-président à la FNC, n’a-t-il pas obtenu du Gouvernement la convention, dite du 4 mars, autorisant cet entrisme pédagogique ? Et n’a t-il pas déclaré : « Une fédération a désormais le droit de proposer des animations auprès des jeunes, que l’inspecteur d’académie le veuille ou non ? »
Et même si je le regrette, les faits sont là. Dès 2008, 50 fédérations départementales étaient intervenues à l’école, 14 fédérations avaient participé à la formation des enseignants, même si 62% des français le réprouvaient.
Alors pourquoi vouloir encombrer le code : imaginerait-on les boulangers qui viennent en classe montrer l’eau et la farine, le pâton qui gonfle sous l’effet de la levure, exiger que cette action soit inscrite dans la loi ? C’est ridicule.
Vous aurez beau prétendre que vous n’y parlerez que nature, pour les enfants le chasseur est un homme armé, et rapprocher l’imaginaire des armes de l’école n’est pas une bonne chose. Tout comme véhiculer le terme de « nuisible » à l’heure ou la biodiversité bien comprise identifie comme une mosaïque de rôles complémentaires (même si certains nous dérangent), les actes de chaque espèce, les effets de chaque variété. Et oui, dans la biodiversité il y a aussi la fouine, le renard même s’il apporte l’echinococcose, le lynx, le loup et l’ours….Je ne crois pas que vous allez dans les écoles en vanter les mérites.
Au delà de la volonté des chasseurs de régulièrement montrer qu’ils existent, que la loi leur donne des droits et même qu’ils s’occupent (à leur façon) de la nature, il y a tentative et récidive de priver les autres de liberté : convoitise sur les terrains non chassés, injonction de faire payer les propriétaires qui ne se prêtent pas à leurs activités cynégétiques, et même, mais ceci a heureusement disparu grâce à la commission, essai d’intimidation.
Je connais et je partage le plaisir de partir au petit matin en campagne ou en forêt. Je sais la sensation des bottes qui se mouillent, du soleil qui commence lentement à chauffer, la brume qui monte, l’odeur de feuilles mortes et des champignons, le silence, la patience, l’aguet et soudain le vol de perdrix ou le saut vertical du renard au dessus d’un petit rongeur. Mais je ne tue pas, et j’entends que soient respectés ceux qui ne veulent pas tuer et qui ne veulent pas que l’on tue sur leur terrain.
Et à l’heure des fermetures de postes d’enseignants, alors que le gouvernement a supprimé l’année de formation pédagogique des maîtres, il ne me semble vraiment pas opportun d’accentuer la légitimité des chasseurs à venir parler de biodiversité."