Monsieur le Maire, Cher-es collègues,
Depuis plusieurs années, l’accueil de cirques avec animaux sur le ban communal de la Ville de Strasbourg pose d’autant plus question qu’elle attire des publics souvent peu avertis des conditions de détention des animaux qui y sont exhibés.
Les actions de sensibilisation des associations, les vidéos chocs, les documentaires, aussi bien que les récents scandales de maltraitance sanctionnés par la justice ont défrayé la chronique autant qu’ils ont favorisé l’émergence d’une nouvelle exigence éthique autour des questions de souffrance animale.
Des pétitions, rassemblant parfois plusieurs milliers de signataires, nous sont, années après années, adressées pour nous demander de ne plus accueillir de tels établissements et de privilégier des pratiques circassiennes exemptes de toute maltraitance animale, ce à quoi vous-même, Monsieur le Maire, vous étiez déclaré favorable lors des élections municipales de 2008.
Depuis cette date, des associations mènent régulièrement, et souvent avec succès, des actions de sensibilisation des publics sur les conditions de dressage et d’exhibition des animaux détenus dans ces cirques, dont plusieurs ont été condamnés par la justice pour maltraitance. Ces mêmes associations nous interpellent d’ailleurs régulièrement sur les pratiques d’affichage sauvage de ces établissements sur notre territoire et appellent de leurs vœux une action plus vigoureuse de la collectivité pour mettre un terme à ces pratiques.
Jusqu’ici, peu de choses ont été entreprises, au grand regret des élu.e.s écologistes et citoyens, et force est de constater que la tournure prise par ce débat ces dernière semaines nous préoccupe au plus haut point.
Nous observons que, non seulement certains établissements continuent à pratiquer l’affichage sauvage massif illégal que nous évoquions précédemment, et ce malgré plusieurs rappels effectués par la collectivité, mais aussi que les mêmes ont développé des pratiques agressives et violentes à l’encontre les associations de défense de la condition animale peu compatibles avec le respect de l’ordre public.
Favorables à la volonté affichée de faire de Strasbourg une ville innovante et exemplaire en matière de prise en compte de la condition animale dans ses politiques publiques, nous avons accueilli avec enthousiasme la mise en place du groupe de travail piloté par notre collègue Christel Kohler qui avait inscrit la question de l’accueil des cirques avec animaux à son programme de travail.
Nous avons cependant été surpris des annonces récentes repoussant à un horizon non défini le refus de la Ville de Strasbourg d’accueillir sur son territoire des cirques avec animaux. Nous avons été choqués également par le satisfecit décerné à la Ville par le Président régional du Club du Cirque qui voit dans nos déclarations un blanc seing quant à la poursuite de ces pratiques d’un autre âge.
A l’heure où la Ville de Madrid, comme 380 autres communes espagnoles, vient d’approuver l’interdiction de cirques avec animaux, et alors que 46 communes françaises, ont déjà pris des arrêtés pour refuser la venue des cirques avec animaux sur leur territoire, nous continuons à penser que la Ville de Strasbourg s’honorerait à tenir l’engagement pris en 2008 et à entrer enfin dans une nouvelle ère plus respectueuse des autres êtres vivants avec lesquels nous partageons notre planète.
Par cette interpellation, Monsieur le Maire, et parce que la grandeur d’une Ville comme Strasbourg s’apprécie aussi à la manière dont les animaux y sont traités, le groupe des élu.e.s écologistes et citoyens aimerait donc savoir :
- à quel horizon, la Ville de Strasbourg, décidera d’interdire la présence de cirques avec animaux sur son territoire
- quelles mesures seront prises, dans l’intervalle, pour garantir la libre expression et la protection des associations lors de leurs actions de sensibilisation
- quelles actions, volontaires et au besoin coercitives, seront entreprises par la collectivité pour mettre un terme à l’affichage sauvage de ces établissements sur notre territoire
Monsieur le Maire, je vous remercie
Strasbourg, le 27 février 2017
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