Merci à tous,
Merci à tous les intervenants qui nous ont fait l’honneur de participer aux tables rondes,
Merci aux membres du Collectif Belaud-Argos qui luttent depuis quelques mois déjà, au sein de la famille des Collectifs, pour informer l’opinion sur le sort des animaux,
Merci aussi à vous d’être venus écouter attentivement les propositions que nous avons à offrir sur un sujet si singulier, et pourtant si universel, car je pense ne pas me tromper en disant qu’il touche tous les Français à un niveau de leur vie ou à un autre.
Nous avons eu l’occasion de commencer cette série de conventions thématiques sur le thème de l’éducation il y a quelques semaines, et je dois dire que les retours que nous avons eus sont très bons.
Beaucoup de messages, beaucoup de reprises de nos vidéos, beaucoup de personnes qui ont découvert nos propositions, et un grand enthousiasme pour cette place que nous accordons à la société civile dans la préparation de notre campagne.
Cela nous encourage vraiment.
Et cela me convainc encore davantage, s’il en était besoin, que ce format des conventions, avec l’aide des Collectifs du Rassemblement Bleu Marine, est véritablement efficace.
C’est du terrain, de la pratique que viennent les meilleures idées.
Aujourd’hui, pour cette deuxième convention, nous abordons un sujet certes beaucoup moins massif que le précédent, mais un sujet auquel je réserve une place particulière, et qui m’est cher : celui de la protection animale.
J’ai préféré convoquer ce sujet assez tôt dans le calendrier des conventions car je sais pertinemment qu’il sera difficile de le faire valoir lorsque nous devrons parler, au cœur de la bataille présidentielle, d’économie, de sécurité ou encore de souveraineté.
Pourtant, je crois qu’on doit lui accorder une attention spéciale, et qu’il est bon que nous ayons le temps d’en parler en amont de la campagne.
Je remarque d’ailleurs, comme je l’avais déjà fait lors du lancement du Collectif Belaud-Argos et avec une certaine fierté, que nous sommes les seuls représentants d’un parti politique français à évoquer ce sujet, ce qui est bien moins anodin qu’on ne le croit.
En effet, j’aimerais vous faire saisir avant tout que si nous nous intéressons à la condition des animaux, c’est parce que nous pensons que ce problème a un réel sens politique.
Le rapport que l’homme entretient à l’animal en dit beaucoup sur le rapport que l’humanité entretient avec elle-même.
Quand ce rapport de l’homme à l’animal devient barbare, il ne faut pas attendre longtemps pour que l’ensauvagement s’étende aussi aux rapports entre les hommes.
Nous devons donc prendre toute dégradation de la protection animale pour un signe avant-coureur, et nous en soucier. Si nous nous soucions du sort des animaux, c’est parce qu’au final, c’est du sort des hommes dont il est question.
Ainsi, la protection des animaux ne procède pas tant d’un droit immanent de l’animal mais de l’idée que l’homme se fait de sa dignité dans son rapport aux animaux.
Malheureusement, je crois que la France, pourtant familière de l’idée du bien-être animal, du fait de son histoire, de son patrimoine et surtout de son agriculture à échelle humaine, est en train de glisser progressivement sur la pente de l’indifférence au sort des animaux.
Il y a bien évidemment une conscience écologique forte.
Bien évidemment, les Français sont sensibles à la question de la biodiversité, à celle de la protection de l’environnement, à celle de la gestion des déchets produits par l’activité humaine, mais cette conscience écologique perd parfois de sa force quand elle passe dans le discours politique, où on n’en parle plus que de manière abstraite et froide.
S’interroger sur la condition animale nous ramène immédiatement dans le concret. Le rapport de l’homme à son environnement prend tout de suite une tournure très familière.
On parle du lien intime qui unit les Français à leurs animaux, et cela ne peut plus être traité de manière abstraite et froide. L’absence de la question animale dans le débat public est pour moi le signe d’un angle mort de la réflexion écologique. Il faut combler ce manque.
Reste à savoir ce que nous pouvons proposer.
Et ce que nous pouvons faire.
Le pouvoir politique a plus de marge de manœuvre qu’on ne l’imagine.
Il peut mettre fin à des situations de souffrance cachée, à des situations de maltraitance intolérable, il peut encourager le développement d’une agriculture à échelle humaine contre la déshumanisation des abattoirs et des grandes fermes industrielles.
Avant de développer quatre propositions concrètes que je souhaite intégrer à mon projet pour la France.
Aucune action judiciaire ne se conçoit contre un animal fauteur de dommages, celui-ci ne pouvant être débiteur d’obligations : ceci pour indiquer toute la complexité de la question du statut juridique de l’animal, lequel oppose conceptions subjectiviste et objectiviste du droit.
Ouvrir ce chantier bouleverserait notre ordre juridique sans garantir, je le crois, l’amélioration de la protection des animaux, et c’est l’avis de nombreux juristes.
Car dans notre pays, la protection animale peut compter, le Professeur Lebreton l’a rappelé, sur un arsenal juridique réel : le Code rural lui consacre tout un chapitre : le Code pénal réprime les « sévices graves ou actes de cruauté envers les animaux ; le Code civil défini les animaux comme « être vivants doués de sensibilité ».
En fait, l’horreur de certains abattoirs, les abattages halal notamment clandestins en hausse constante, l’inflation des abandons et des trafics d’animaux démontrent que l’Etat manque de moyens pour faire respecter la Loi : en 10 ans, les effectifs des équipes de l’inspection vétérinaire ont diminué de 20 %, par exemple.
Il convient de créer une police de la protection animale intégrée dans la police de l’environnement comme dans la police sanitaire et d’hygiène alimentaire et leur donner des instructions pour que la loi soit respectée.
Le bon sens m’oblige aussi à dire que, lorsque des normes de bien-être animal sont imposées à nos éleveurs, la justice nécessite aussi d’exiger que les mêmes normes soient respectées pour les produits importés.
Pour en revenir aux propositions nouvelles, j’irai des questions de court terme aux questions de moyen et de long terme, de la proposition la plus immédiate et la plus urgente à la proposition la plus novatrice et la plus prometteuse.
Commençons donc par ce qui, dans l’instant présent, apparaît comme le plus intolérable.
L’exemple le plus flagrant d’une maltraitance animale cachée en France est celui de la mise à mort des animaux dans certains abattoirs.
Si vous avez vu les images de l’abattoir de Vigan dans le Gard, vous ne pouvez rester indifférent à la manière dont on met à mort l’animal.
Les Français, quand ils voient ces images, ne sont pas indifférents. Et je ne crois pas généraliser à outrance quand je dis « les Français » dans leur ensemble : vous n’avez qu’à jeter un œil à un sondage sorti hier sur la vidéosurveillance dans les abattoirs français. 85% des Français se prononcent pour cette vidéosurveillance, et près de la moitié des personnes interrogées se disent « très favorables » à cette solution.
Ce n’est pas parce qu’on tue l’animal pour consommer sa viande qu’on peut tout se permettre, et nous avons perdu une sorte de respect pour l’animal que l’on met à mort, un respect pour la vie même dans la mort.
Ma proposition est donc simple : je mettrai en place l’obligation de l’étourdissement de l’animal lors de sa mise à mort dans les abattoirs.
C’est une proposition de bon sens. C’est une proposition de respect élémentaire.
Nos amis suisses, qui malheureusement pour nous sont souvent en avance dans le processus démocratique, ont légiféré sur l’étourdissement des animaux dès la fin du XIXème siècle, et par la voie de l’initiative populaire – vous savez, cette chose qu’on appelle un référendum et que deux présidents de la République successifs se sont évertués à détruire et à dénigrer qui fait froid dans le dos.
Nous voulons, comme les Suisses et bien d’autres pays dans le monde, faire cesser une souffrance inutile et inhumaine.
Et il ne faut pas croire qu’ici nous devrions être en opposition frontale avec les préceptes de la religion musulmane comme le halal, qui est souvent mis en avant pour justifier de telles pratiques.
Même les autorités musulmanes, par la voie de Monsieur Dalil Boubakeur il y a quelques années, ont déjà fait savoir que l’étourdissement n’était pas contraire aux principes de l’Islam.
Pourquoi donc s’accrocher à un argument qui ne tient pas ?
Les Français ne veulent plus d’un abattage qui se ferait dans l’ombre et sans contrôle, dans des conditions contraires à la dignité et à l’hygiène la plus élémentaire : ils veulent pouvoir être informés.
Les professionnels de la viande, pour leur immense majorité, souhaitent également cette intervention claire de l’Etat car, en cas de pépin sanitaire, ils savent qu’ils seront eux montrés du doigt.
La question de la traçabilité de la viande relève exactement de la même logique : pouvoir consommer en citoyen responsable.
Cela m’amène tout naturellement à mon second point, qui ne concerne plus la mise à mort des animaux mais leur élevage.
Je l’ai dit, la France a une puissante tradition d’agriculture à échelle humaine.
La paysannerie française a toujours été la meilleure conscience écologique de France, et s’est chargée du bon entretien de nos campagnes, ce qui fait aujourd’hui que notre pays est couvert d’un bout à l’autre de paysages extraordinaires façonnés par la main de l’homme.
Tout cela est vrai aussi de la condition animale. Il n’y a aucune commune mesure entre la manière dont un agriculteur dans une petite exploitation ou une exploitation de taille moyenne traite son troupeau de vaches ou de moutons et la manière dont sont élevés des poulets de batterie aux hormones.
Alors même que l’on prétendait que l’agriculture ultra-intensive allait permettre de se défaire de l’archaïsme des petites exploitations, on voit aujourd’hui que c’est l’élevage industriel qui est revenu à une forme d’archaïsme dans notre rapport à l’animal.
Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que la qualité des produits de cet élevage industriel laisse à désirer : le mauvais traitement des animaux ne peut amener qu’à une dégradation de leur santé et donc de la nôtre.
C’est alors une longue ribambelle de scandales alimentaires qui se déroule : de la vache folle à la viande de cheval dans les plats Spanghero, en passant par le lait maternel frelaté et la grippe aviaire.
La conclusion que je tire de tout ceci est simple : dans l’intérêt de l’animal, de l’économie agricole française, de la sécurité alimentaire, nous refuserons tout traité qui favoriserait le développement d’une agriculture intensive indifférente au sort des animaux.
De façon très concrète, nous ferons ainsi de la protection animale et de la sécurité alimentaire un critère obligatoire pour nous permettre d’engager ou pas la France sur un Traité international.
Cette novation se traduirait par exemple à l’évidence par mon refus de signer le Traité transatlantique ou le Traité CETA avec le Canada, qui promettent de livrer l’agriculteur et le consommateur français aux dérives de la grande distribution et des exploitations industrielles.
Les fermes usines ne sont qu’un aperçu de ce qui nous attend si nous laissons nos agriculteurs dans la logique du Traité transatlantique et des autres.
Pierre Hinard, qui est ici avec nous, a déjà témoigné de ses conditions de travail en tant qu’éleveur et salarié d’un abattoir : il a vu la mainmise déjà croissante de la grande distribution sur la fixation des prix et la dégradation de la qualité des produits d’élevage.
Le respect de l’animal dans son élevage tout aussi bien que dans sa mise à mort est un aspect fondamental de l’agriculture à échelle humaine que nous voulons.
Nous venons de parler de notre rapport à l’animal dans notre consommation de nourriture, et du respect pour l’animal que cette consommation devrait impliquer.
Mais cela n’épuise pas le sujet : notre rapport à l’animal s’étend bien au-delà du simple besoin alimentaire.
Mon troisième point ne concerne plus l’élevage mais plus largement la manière dont nous traitons les animaux, et notamment comme objet de science.
L’utilisation d’animaux comme sujets d’expérimentations n’est pas en soi condamnable, mais la manière dont l’expérimentation animale s’est transformée dans les cinquante dernières années laisse un goût amer.
Un goût de gâchis surtout.
Car le problème de l’expérimentation animale se pose quand celle-ci devient inutile.
Et dans beaucoup d’expériences, elle est devenue inutile.
Et toute souffrance inutile est par définition une souffrance insupportable.
L’exigence d’exactitude scientifique suffirait dans certains cas à condamner les expérimentations sur les animaux, quand on sait par exemple qu’en toxicologie, il existe des méthodes beaucoup plus fiables.
Nous ne prétendons pas apprendre aux scientifiques leur métier ; mais quand des scientifiques eux-mêmes prennent la parole, c’est souvent pour dénoncer eux-aussi les méthodes de laboratoires peu regardants.
Qui a dit que science et éthique devaient être séparées ?
Il est totalement possible d’envisager une éthique scientifique stricte, et très souvent les chercheurs en sont les premiers promoteurs.
Mais les intérêts de grands groupes passent le plus souvent avant la rigueur de la science.
Nous militons pour un développement des alternatives à l’expérimentation animale, dès qu’il est possible de le faire, partout où il est possible de le faire.
J’engagerai ainsi la France sur la voie des alternatives massives à l’expérimentation animale, et ce sera ma troisième proposition ce jour.
Quand il est question de la vie animale, tout gâchis est interdit, toute inutilité doit être pourchassée.
Je conclurai cette série de propositions par une perspective à plus long terme, qui certes demandera du temps pour se développer, mais qui nous laisse finir sur une note d’espoir, ce qui est toujours bon.
Un espoir dans l’avenir de la recherche scientifique. J’ai parlé de l’expérimentation animale, mais il y a une autre manière, beaucoup plus bienveillante, d’envisager le rapport de l’animal à la science.
Si l’on fait des expérimentations sur les animaux, pourquoi ne pas développer les expérimentations avec les animaux ?
Je désigne ici quelque chose qui n’en est qu’à son commencement, mais qui, comme beaucoup d’autres domaines d’études originaux, a un formidable potentiel de développement : les thérapies avec l’animal, aussi appelées zoothérapies.
Tout propriétaire d’un animal domestique comprendra aisément qu’il existe un lien entre le comportement de l’animal et l’état physique et psychologique de son maître.
Je suis bien placée pour le savoir.
Et il n’est pas étonnant d’entendre des témoignages racontant l’effet d’apaisement ou de soulagement de la douleur provoqué par un animal lors d’une maladie, même si cet effet reste aujourd’hui largement inexpliqué.
Certes, la littérature scientifique sur le sujet est encore maigre, mais nous pouvons encourager la recherche dans ce domaine.
Il y a dix ans, le savoir scientifique à propos de l’effet de l’intestin sur l’équilibre général du corps humain n’en était qu’à son balbutiement.
Aujourd’hui, vous voyez fleurir les articles sur l’intestin comme « pilote de notre santé » ou comme « deuxième cerveau », ayant une influence sur certaines maladies.
C’est une extraordinaire ouverture des possibles.
Je ne vois pas pourquoi d’autres thérapies comme celles associant l’homme à l’animal ne pourraient pas être promises au même avenir prometteur. Ainsi, je m’engage à développer toutes les recherches nécessaires sur la zoothérapie.
Si je dis « prometteur », ce n’est pas au hasard. Il est bien question ici de promesse, promesse que l’on fait aux générations futures.
J’ai commencé en disant que le rapport de l’homme à l’animal reflétait souvent le rapport de l’humanité à elle-même.
Quand ce rapport devient barbare, il est temps de s’inquiéter sur ce que devient l’humain.
Mais cela fonctionne aussi en sens inverse : si nous réussissons à faire valoir ce souci de l’animal dans l’opinion publique, si nous arrivons à intégrer le bien-être animal à une politique du bien-être de l’homme, alors nous aurons certainement là le signe prometteur d’un apaisement du rapport de l’homme à lui-même, et surtout d’un apaisement du niveau de violence général d’une société.
Car en fin de compte, dans le rapport à l’animal, il est avant tout, et comme partout ailleurs, question de l’homme. Je souhaite donc voir ce rapport être aussi pacifique et aussi bienveillant que possible, pour transmettre à nos enfants le respect de la vie.
Merci pour votre attention !
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