Élevage : le gigantisme devient l’impitoyable règle
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Élevage : le gigantisme devient l’impitoyable règle !
Souvenez-vous des images choc de Matrix : du bétail humain agglutiné et relié à des pompes, simple carburant d’un monde automatisé et déshumanisé. Remplacez ces hommes et ces femmes par des dizaines de milliers de vaches, chèvres, poulets et cochons : c’est le modèle d’élevage vers lequel nous nous dirigeons à toute vitesse.
Après une première ferme aux mille vaches ouverte il y a quelques mois en Picardie, malgré l’indignation des habitants de la région et la mobilisation de la Confederation paysanne, pas moins de 30 projets similaires sont en préparation en France. Une ferme de 2200 animaux n’attend ainsi plus que le feu vert du préfet pour voir le jour près de Tours, malgré l’opposition de la commune.
Le gigantisme devient la règle. Notre art de vivre, nos campagnes, nos emplois sont menacés. On s’éloigne de plus en plus d’une agriculture respectueuse des paysans, des bêtes, de l’environnement et des consommateurs.
Sous la pression des lobbies de l’agroalimentaire et malgré ses déclarations multiples sur les vertus de l’agroécologie, le gouvernement français soutient proactivement ce modèle productiviste monstrueux, via des subventions (avec nos impôts !) et des facilités administratives.
C’est pour toutes ces raisons qu’à la veille de la fermeture de la grand messe du Salon de l’Agriculture, nous avons décidé de lancer une pétition à l’attention du ministre en charge, Stéphane Le Foll, lui demandant de limiter les capacités des élevages, avant que les paysans et les animaux ne deviennent des robots. À l’heure où nous vous écrivons, cet appel a été signé par plus de 125 000 Françaises et Français.
Pas qu’une question de bien-être animal
Outre les problèmes graves en termes d’éthique et de bien-être animal que peut poser le fait d’agglutiner et de pomper des milliers de bêtes dans d’immenses entrepôts, ce nouveau type d’élevage qui débarque sur le sol français produit des aliments de piètre qualité voire dangereux pour la santé, détruit les emplois paysans et dégrade l’environnement.
Qui voudrait vivre à côté d’une de ces usines ? Les environs sont détruits et pollués, les sols et les rivières sont contaminées par le rejet de lisiers et des antibiotiques dont les bêtes sont gavées. Les ordonnateurs de Paris et Bruxelles devraient aller vivre quelques temps à côté d’une de ces fermes-usines avant de donner carte blanche aux spéculateurs de l’industrie. Ces projets sont désormais essentiellement menés par des investisseurs industriels, et non plus par des paysans de profession souhaitant agrandir leurs exploitations.
Ce nouveau « modèle » industriel nous rend non seulement dépendants des marchés spéculatifs, mais il détruit aussi tissu agricole et emplois, et bafoue les attentes sociales. Il est le pur produit d’un système déshumanisé, qui avilit le métier de paysan, où l’éleveur est réduit à un simple rouage dans cette énorme machine à produire du lait ou de la viande, à la merci d’investisseurs mûs par la maximisation du profit.
De quel côté est l’État ?
Le ministre de l’Agriculture, Stéphane Le Foll, se débat dans ses propres contradictions : il affirmait encore il y a quelques jours “la ferme des 1 000 vaches, ce n’est pas mon modèle parce que derrière, c’est un investisseur et il n’y a pas d’agriculteur”, tout en assouplissant les demandes d’autorisations d’agrandissement des élevages industriels.
Cette évolution n’est pas une fatalité à laquelle nous devons nous soumettre ; elle est une dérive due à des failles dans la législation et les procédures administratives, allègrement exploitées par les investisseurs. Nous demandons à Stéphane Le Foll, avant l’été prochain, l’adoption d’une loi-cadre ambitieuse permettant de stopper cette escalade. Dans l’intervalle, le ministre doit s’opposer fermement aux projets en cours, et intervenir notamment contre l’ouverture de l’emblématique ferme-usine de 2200 têtes en Touraine.
Il est grand temps que l’alimentation et l’agriculture cessent d’être le monopole de l’agrobusiness. Si les médias et les citoyens ne lancent pas un signal fort pour refuser l’industrialisation sauvage de nos exploitations et la règle du gigantisme, nos élevages risquent bientôt de ressembler à la science-fiction glaçante de Matrix. Chacun doit rejoindre cet appel, pour que le ministre de l’Agriculture, le gouvernement et la Commission européenne fassent le choix des emplois paysans, de l’encadrement des industries agricoles, de l’écologie et du bien-vivre en France.
José Bové, Marie Yared, Chargée des campagnes France pour Avaaz… et les 124 111 signataires de la pétition contre l’élevage de masse
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