Interrogée par l'association Droits des Animaux, Nathalie Arthaud exprime un rejet de l’élevage intensif et des méthodes d'abattage les plus douloureuses : "Je pense comme vous qu’il n’y a aucune raison rationnelle d’imposer aux animaux d’élevage des souffrances inutiles. Il serait possible de supprimer les conditions scandaleuses d’élevage ou d’abattage (scandaleuses aussi bien pour les animaux que pour les hommes et femmes qui y travaillent) si le moteur de ces élevages et abattoirs intensifs n’était pas la course au profit à n’importe quel prix."
Voir l'intégralité de la réponse de Nathalie Arthaud :
Pantin le 14 mars 2012
Monsieur,
Suite au courrier que vous m’avez adressé, je vous prie de trouver ci-dessous, sans répondre à toutes vos questions, ma position générale concernant la condition faite aux animaux.
Je tiens tout d’abord à vous dire que le sort réservé aux animaux qu’ils soient sauvages, domestiques ou d’élevage, ne me laisse pas indifférente. Mais je pense qu’il est la conséquence directe du fonctionnement de l’économie capitaliste.
Le développement industriel dans le cadre capitaliste saccage la nature. Parce qu’il ne s’inquiète pas des conséquences éventuelles de ses agissements - en ne voyant pas plus loin que les gros comptes en banque - mais aussi parce qu’il traite les richesses naturelles comme des valeurs marchandes bonnes à créer du profit. Et le monde animal fait partie de ces richesses de la nature.
Je pense comme vous qu’il n’y a aucune raison rationnelle d’imposer aux animaux d’élevage des souffrances inutiles. Il serait possible de supprimer les conditions scandaleuses d’élevage ou d’abattage (scandaleuses aussi bien pour les animaux que pour les hommes et femmes qui y travaillent) si le moteur de ces élevages et abattoirs intensifs n’était pas la course au profit à n’importe quel prix. Il en est de même pour ce qui concerne tous les trafics d’animaux de compagnie, de fourrures. Et une économie où la motivation principale est la recherche du profit privé est une économie irrationnelle et cruelle.
Cette société, incapable de supprimer la cruauté et la rapacité de l’exploitation pour les hommes et les femmes à travers le monde est fondamentalement incapable de le faire pour les animaux, même si l’intervention des associations de défense des animaux arrive à freiner les excès les plus visibles.
C’est pourquoi le choix militant que j’ai fait est de combattre ce mode de fonctionnement capitaliste capable d’engendrer tant de monstruosités. C’est le sens de mon engagement politique fondamental.
Je suis convaincue que c’est en se mobilisant pour contrôler et changer ce système-là que l’on pourra faire reculer toutes les souffrances, y compris animales.
Bien sûr, si parmi des mesures venant en discussion, certaines peuvent améliorer la condition animale, c’est bien volontiers que nous je les soutiens à défaut de les voter puisque je ne suis pas élue au parlement.
Concernant la corrida ou les combats de coq, je pense effectivement qu'il n'est pas légitime de se divertir d'un spectacle qui occasionne des sévices aux animaux. J’ai d’ailleurs déjà signé la pétition nationale à ce sujet.
J’aspire par ailleurs à une société dans laquelle les être humains auront d’autres passe-temps que la chasse (la chasse comme source de subsistance, elle, subsistera tant que les hommes n’auront pas suffisamment à manger dans le monde entier). L’interdiction de la chasse à courre, loisir cruel de riches oisifs en mal de distraction, me semble justifiée.
Enfin, bien que n’étant pas spécialiste en ce qui concerne l’expérimentation animale, je crois que malgré le développement de méthodes substitutives, l’utilisation des animaux à des fins scientifiques reste à l’heure actuelle incontournable. Il est bien entendu nécessaire d’encadrer les conditions de cette pratique, ce qui existe déjà en France et en Europe et j’estime légitime de la part des associations de pouvoir contrôler les conditions d’application de ces réglementations.
Quant à un « Ministère de la condition animale », proposé par certaines associations, si je n’ai pas de raisons de m’y opposer, je crains qu’il ne soit une coquille vide de plus compte tenu du bilan bien creux de tous « ministères » créés ces dernières années pour des causes telles que le logement, la pauvreté, la condition féminine, l’environnement.
Recevez, Monsieur, mes salutations distinguées.
Nathalie ARTHAUD
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