Les dernières statistiques officielles sur le nombre d’animaux utilisés en France à des fins scientifiques ou éducatives, qui montrent une hausse de 7,5% entre 2014 et 2015, sont une preuve criante de l’inefficacité de la [directive 2010/63/UE ayant imposé la règle dite des 3R (remplacement, réduction, raffinement)
].
Nous avons aujourd’hui besoin d’une véritable volonté de la part des 28 États membres, tout d’abord d’appliquer la directive de 2010, puis de la réviser et la rendre plus efficace. Une volonté surtout de donner les moyens à l’éducation, la formation, la recherche et l’innovation, en soutenant financièrement et en rassemblant les scientifiques, les ONG et les entreprises biotechnologiques qui avancent trop souvent de manière isolée.
(extrait de la tribune parue dans l'Humanité)
Tribune de Younous Omarjee parue dans l’Humanité :
EXPÉRIMENTATION ANIMALE : DÉPASSER LES ANTAGONISMES POUR OPÉRER UNE TRANSITION
L’expérimentation animale est aujourd’hui remise en cause par ceux qui défendent le bien-être et la sensibilité animale, mais aussi de plus en plus par des avancées scientifiques qui ouvrent jour après jour des alternatives (cellules souches, modélisation des organes humains…).
Une vraie transition est nécessaire, et la question n’est pas tant de savoir si l’expérimentation animale est utile ou non pour la science et si elle a été indispensable à certaines découvertes majeures, mais comment tous les acteurs concernés, chercheurs, industriels, mais aussi politiques, se réunissent pour trouver des solutions concrètes pour réduire la souffrance animale, développer des alternatives, et les appliquer dès lors que leur efficacité est démontrée. Dans ce débat de société, essayons de garder raison et de proposer une issue constructive.
La science peut et doit nous permettre de trouver des solutions innovantes et alternatives… à condition toutefois de lui en donner les moyens. Si le financement de l’Union européenne pour mettre au point et valider ces méthodes existe, il reste bien maigre au regard de l’ampleur des besoins.
Une directive européenne(1) de 2010 a créé un cadre légal pour la protection des animaux utilisés à des fins scientifiques et a imposé la règle dite des 3R (remplacement, réduction, raffinement). Mais son caractère non contraignant, l’ambiguïté de certaines de ses dispositions et des lacunes dans sa rédaction contribuent à une application contestable par les États membres et au retard dans la mise en œuvre de l’objectif final de remplacement. Les dernières statistiques officielles sur le nombre d’animaux utilisés en France à des fins scientifiques ou éducatives, qui montrent une hausse de 7,5% entre 2014 et 2015, sont une preuve criante de l’inefficacité de la directive.
La diffusion et l’utilisation des méthodes alternatives existantes et continuellement développées par la recherche font également défaut. C’est donc aussi le poids des habitudes qu’il faut changer.
Nous avons aujourd’hui besoin d’une véritable volonté de la part des 28 États membres, tout d’abord d’appliquer la directive de 2010, puis de la réviser et la rendre plus efficace. Une volonté surtout de donner les moyens à l’éducation, la formation, la recherche et l’innovation, en soutenant financièrement et en rassemblant les scientifiques, les ONG et les entreprises biotechnologiques qui avancent trop souvent de manière isolée.
Les méthodes alternatives ne sont pas seulement un outil pour réduire la souffrance animale. Elles s’inscrivent aussi dans la marche du progrès scientifique et l’avenir de l’humanité: c’est en se dépassant que l’on avance et non en se recroquevillant sur ses habitudes. Se dépasser, c’est aussi parvenir à reconnaître que l’avenir de l’homme doit se concevoir dans un nouvel humanisme fondé sur le respect de toutes les espèces vivantes.
(1) Directive 2010/63/UE.
Younous Omarjee
Député européen de la Gauche unitaire européenne (GUE)
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