Ce plan d’action se fonde sur l’amélioration des connaissances sur les interactions entre les activités de pêche identifiées à risque et sur l’état de la population des dauphins communs en Atlantique nord-est. Réalisé grâce à la mobilisation des pêcheurs professionnels, ce plan d’action a été l’objet de discussions avec les autres Etats membres présents dans le golfe de Gascogne et en particulier l’Espagne et le Portugal.
Il est composé des 7 engagements suivants de l’Etat, des pêcheurs et des scientifiques :
- Depuis le 1er janvier 2019 : Rendre obligatoire les déclarations de l’ensemble des captures accidentelles. [
Commentaire Sea Shepherd : Une obligation qui arrive très tardivement alors que le problème des captures est connu depuis 30 ans et s’intensifie depuis 2016. A ce jour, cette obligation n’est toujours pas respectée par l’écrasante majorité des pêcheurs. En 2019, moins de 10 déclarations ont été enregistrées pour plus de 10 000 captures estimées par les scientifiques, soit 0,1% de captures déclarées.
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- Depuis mi-décembre 2020 : Relever les échouages, publier les données sur le site du Ministère de la mer et rendre compte de l’avancée des actions ; [
Commentaire Sea Shepherd : Ce qui apparait effectivement de façon transparente, c’est que l’obligation de déclaration de capture n’est toujours pas respectée. En page 6 du bulletin bimensuel n°5 publié sur le site du Ministère de la Mer, entre le 1 er décembre 2020 et le 31 janvier 2021, 28 déclarations ont été enregistrées à ce jour (un délai de 1 à 2 mois est donné aux navires de moins de 12 mètres). Dans le même temps, l’observatoire scientifique Pélagis indique que depuis le 1er janvier 2021, près de 450 petits cétacés se sont échoués sur la façade atlantique, soit presque le double de l’année précédente à date équivalente. Nous saluons la volonté de transparence du Ministère de la Mer, mais sans surveillance imposée sur les zones de pêche, tout engagement de transparence est impossible à respecter.
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- Depuis le 1er janvier 2021 : Equiper tous les chalutiers en interaction avec les cétacés en dispositifs répulsifs acoustiques et poursuivre le développement des solutions techniques.[
Commentaire Sea Shepherd :
Sur l’efficacité des répulsifs acoustiques: Le chiffre d’une diminution de 65% des captures évoqué par l’Etat et le Comité des Pêches porte sur une étude dont le taux d’incertitude est de 95%. Les équipes de Sea Shepherd ont d’ailleurs filmé en 2020 une paire de chalutiers français équipés de pingers pêchant au milieu d’un groupe de dauphins dans le Golfe de Gascogne. Un dauphin mort était présent dans le chalut lors de la remontée. Cela met en lumière un phénomène bien connu des scientifiques : l’« effet dinner bell » qui pousse les dauphins à braver la nuisance sonore du pinger si celle-ci reste très localisée comme c’est le cas sur un chalutier. D’après les marques de captures retrouvées sur les dauphins, les chalutiers seraient responsables de 13 % des captures. La majorité des captures seraient donc principalement imputables à d’autres méthodes de pêche (fileyeurs, senneurs… ).
Sur la dangerosité des répulsifs acoustiques : La puissance des pingers utilisés pour repousser les dauphins dépasse les seuils au-delà desquels la nuisance sonore est considérée comme du harcèlement d’espèce protégée, ce qui est interdit par la loi. L’idée même derrière l’usage des répulsifs acoustiques est d’exclure les dauphins de leur zone de nourrissage et de leur habitat naturel (pour laisser le champ libre aux bateaux de pêche), ce qui appliqué à l’ensemble des fileyeurs comme c’est envisagé actuellement, constituerait une menace encore plus grande pour la survie des dauphins, que les captures elles-mêmes.
À l’instar des répulsifs acoustiques, toute technologie de dissuasion s’inscrit dans une logique d’effarouchement des dauphins dans le but de les éloigner de leurs zones de nourrissage et peuvent nuire à la survie de l’espèce. Pour cette raison, Sea Shepherd a déposé un recours contre l’Etat pour faire interdire l’utilisation des pingers.
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- Hiver 2020-2021 : Mettre en place des programmes d’observation aérienne [
Commentaire Sea Shepherd : S’il est important de mieux connaitre l’abondance et la répartition des dauphins dans le Golfe de Gascogne, ces données doivent servir à la mise en place de mesures de protection fortes et urgentes qui tiennent compte de la faible fécondité des dauphins et de leur incapacité à se rétablir de phénomènes de captures importants. Cette particularité rend cruciale l’anticipation d’une diminution avérée de leur population qui marquerait le déclenchement d’un processus d’extinction irréversible.
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- Février 2021 : Tester l’embarquement des caméras à bord sur les fileyeurs du golfe de Gascogne à des fins de connaissances scientifiques. [
Commentaire Sea Shepherd : Des caméras sont déjà embarquées sur 5 navires volontaires et l’objectif du Ministère est d’avoir réussi à convaincre 15 navires supplémentaires de s’équiper. Soit, 0,04% de la flottille. Une couverture dérisoire en proportion et un résultat biaisé sur le fond puisque reposant uniquement sur la base du volontariat, à l’instar du programme d’observateurs embarqués. Contrairement à l’Australie où les caméras sont des outils de contrôles obligatoires qui permettent d’identifier et de neutraliser les navires et les méthodes de pêche les plus destructrices, le Ministère n’envisage ici ces caméras qu’à des fins de connaissance scientifique sur la base exclusive de volontariat.
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- Mars 2021 : démarrer un projet international avec l’Espagne et le Portugal sur les captures accidentelles de cétacés [
Commentaire Sea Shepherd : Les scientifiques du CIEM ont déjà partagé avec l’ensemble des pays européens leurs constatations et leurs recommandations. La France, l’Espagne et le Portugal n’ont qu’à suivre les recommandations qui sont déjà faites et qui sont très claires.
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- 30 avril 2021 : avoir mené une campagne d’observation volontaire des pêches à bord des chalutiers et des fileyeurs. [
Commentaire Sea Shepherd :La majeure partie des pêcheurs refuse la présence d’observateurs indépendants (jusqu’à 90% de refus). Pour la minorité qui accepte, le patron de pêche reste seul décisionnaire des périodes et des zones de pêche pour lesquelles il accepte d’être observé. A l’instar des caméras embarquées, la présence d’observateurs dépendant exclusivement de la bonne volonté des pêcheurs rend cet engagement vide de sens.
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En parallèle, une charte d’engagement des professionnels a été rédigée et signée en décembre 2020 par tous les comités régionaux des pêches maritimes et des élevages marins (CRPMEM) de la façade Atlantique : Bretagne, Pays-de-la-Loire et Nouvelle-Aquitaine.
(extrait du communiqué du ministère de la Mer)
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