Question orale d'actualité du député Jérémie Iordanoff - Isère (5e circonscription) :
Ma question s’adresse à M. Berville, secrétaire d’État chargé de la mer et de la biodiversité – qui est absent, me semble-t-il.
Demain, une chaîne humaine de 600 mètres se formera sur le port de Saint-Malo. Six cents mètres : c’est aussi la longueur du filet dont sera équipé le nouveau navire-usine de la Compagnie des pêches de Saint-Malo, un monstre capable d’engloutir 400 000 kilos de poissons par jour et d’en congeler 7 millions.
Je salue les militants, associations et syndicats de pêcheurs qui se mobilisent pour protéger la biodiversité marine et la pêche artisanale et je dénonce les armateurs tenants d’une pêche industrielle ainsi que les responsables politiques qui accompagnent ce modèle destructeur des océans.
L’administration a travaillé avec la Compagnie des pêches de Saint-Malo, laquelle a dépensé 15 millions pour le plus gros chalutier pélagique du monde – 145 mètres de long, il ne pourra même pas entrer dans le port de Saint-Malo. Après avoir vidé le golfe de Gascogne, il ira débarquer aux Pays-Bas le poisson congelé, qui sera acheminé par camion en Bretagne pour être transformé en bâtonnets de surimi. Une aberration pour l’environnement, un désastre pour les emplois côtiers.
Par ailleurs, la région Bretagne proposera ce vendredi sa feuille de route halieutique qui fixe le financement de la pêche bretonne jusqu’en 2027. Plaidant pour la construction de nouveaux chalutiers industriels et ignorant les pêcheurs artisans, ce document est incompatible avec toute transformation juste et écologique de la pêche française.
Monsieur le secrétaire d’État, qu’avez-vous à dire sur ce modèle industriel ? Quel est le rôle de l’administration dans l’exploitation du chalutier polonais Annelies Ilena ? D’après le communiqué de l’Élysée, vous avez hérité du portefeuille de la biodiversité, lequel se retrouve au dernier rang de l’ordre protocolaire. Or, jusqu’à présent, nous ne vous avons pas entendu sur la suspension du plan Écophyto. Il y aurait aussi beaucoup à dire sur le non-respect par la France du cadre international sur les aires marines protégées.
Vous le savez, au rythme actuel, il y aura d’ici à 2050 plus de plastique que de poisson dans les océans. J’espère vous entendre sur la biodiversité d’ici là.
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