Question écrite de M. PLA Sebastien sénateur (Aude - SER):
M. Sébastien Pla attire l'attention de M. le ministre délégué auprès de la ministre du partenariat avec les territoires et de la décentralisation, chargé de la mer et de la pêche sur la vulnérabilité des pêches méditerranéennes au changement climatique.
Il lui indique que depuis les années 1980, la Méditerranée se réchauffe en moyenne de 0,4 °C par décennie et depuis deux étés successifs, des records qui tenaient depuis 20 ans ont été battus. Ainsi, au mois d'août 2024, la température médiane des eaux en Méditerranée a atteint le record de 28,9 °C.
Il lui signale que les canicules marines en Méditerranée affectent ainsi lourdement les poissons, les mollusques et les plantes, favorisant aussi les espèces invasives et augmentant l'intensité potentielle des précipitations, en raison d'une évaporation plus forte, et ce d'autant que depuis 2022, les températures de surface sont élevées sur une longue période de façon anormale.
Il souligne d'ailleurs que le projet Mona Lisa de recherches sur les fortes mortalités naturelles et les indicateurs pour la gestion des stocks de sardines et d'anchois de Méditerranée piloté par l'Ifremer, en partenariat avec l'Université Pierre et Marie Curie - laboratoire d'océanographie de Villefranche-sur-Mer - et l'association méditerranéenne des organisations de producteurs, débuté en 2016, a mis en évidence que « la quantité de micro-algues dans le golfe du Lion a globalement baissé de 15 % » et que « ces modifications résulteraient de changements environnementaux régionaux importants, se traduisant par une baisse des nutriments apportés par le Rhône, des modifications de la circulation atmosphérique et océanique, et une augmentation globale de la température de 0,5°C en 30 ans en moyenne en lien avec le changement climatique ».
D'après cette étude, la taille des sardines « en Méditerranée, est passée de 15 à 11 cm en moyenne, leur poids de 30 g à 10 g, et les sardines de plus de deux ans ont disparu. Ces sardines plus petites et plus jeunes sont très peu valorisables commercialement. Les recherches menées par l'Ifremer ont montré que ce n'était ni la pêche, ni les prédateurs naturels (thon ou dauphin), ni un virus qui en étaient la cause, mais leur alimentation. Le plancton est moins nourrissant ».
Ainsi en mer Méditerranée, les pêcheurs doivent s'adapter aux fluctuations du fond marin.
Il souligne d'ailleurs que depuis trois ans sur le littoral audois, le murex, mollusque gastéropode, se développe aussi dans les vases de ces fonds marins. La prolifération de ce gros escargot hérissé de pointes, qui restait jusqu'alors à plusieurs kilomètres des côtes, mais peut désormais, depuis trois ans, s'observer directement en bord de plage alerte à raison le premier prud'homme des pêcheurs de Gruissan, également président du comité interdépartemental des pêches de l'Aude et des Pyrénées-Orientales.
Il lui signale en effet que les filets utilisés par les petits métiers sont particulièrement abimés par la présence des murex (jusqu'à 200 kg par filet) mais aussi par les méduses qui arrivent massivement lorsque la mer se réchauffe et emplissent les filets à la place des poissons.
Souvent contraints de remplacer les filets détériorés soit un montant compris entre 500 et 1 000 euros l'unité, les pêcheurs de Méditerranée directement impactés par les effets du changement climatique ne bénéficient pourtant d'aucun soutien public pour s'adapter aux effets de ce changement climatique.
Il lui demande dès lors quelles mesures d'accompagnement compte-t-il mettre en oeuvre pour favoriser la résilience des métiers traditionnels de la pêche en Méditerranée faisant face au changement climatique et à la prolifération d'espèces qui menacent la qualité des pêches.