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La sénatrice Mélanie Vogel demande au gouvernement de s'opposer à l’élevage et à l'importation des poulpes issus de l'aquaculture en France et dans l'UE

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Personnalité politique (1)

Photo Mélanie Vogel
Mélanie Vogel Sénatrice (999) EELV

Question parlementaire

Élevage intensif Nationale

Question écrite de VOGEL Mélanie sénatrice (Français établis hors de France - GEST):

Mme Mélanie Vogel demande à Mme la ministre de l'agriculture, de la souveraineté alimentaire et de la forêt si elle s'opposerait à la commercialisation de pieuvres issues de l'aquaculture.
Elle lui rappelle qu'en tant que mollusques les plus évolués, les pieuvres témoignent d'un niveau d'intelligence élevé. À titre d'exemple, leurs méthodes de communication, qui reposent sur les changements de couleur de leur peau, sont si complexes qu'elles n'ont toujours pas été entièrement déchiffrées. De manière plus générale, des essais scientifiques ont confirmé que le poulpe a développé des capacités cognitives qui se retrouvent uniquement parmi les vertébrés (Robyn J. Crook : « Behavioral and neurophysiological evidence suggests affective pain experience in octopus », iScience, 24 n° 3). En outre, elle souhaite souligner qu'en pleine mer, les poulpes privilégient des lieux reculés à l'abri de la lumière, à mille lieues des conditions que leur captivité imposerait. Compte tenu de ces spécificités, l'élevage à grande échelle de poulpes ne peut nullement garantir le bien-être animal.
De plus, l'élevage industriel de poulpes aurait des impacts environnementaux particulièrement néfastes, puisque la production d'un kilo de poulpes nécessiterait l'achat de trois kilos de poissons et de crustacés, ce qui aggraverait encore la surpêche. Comme c'est le cas pour l'élevage en général, l'aquaculture de pieuvres contribuerait à la pollution aquatique, entre autres à cause du rejet d'antibiotiques censés limiter la transmission de maladies entre les animaux.
Bien que le bien-être animal des pieuvres ne puisse pas être garanti en captivité, une entreprise espagnole souhaite créer la première ferme aquacole de pieuvres au monde. Puisque les pieuvres restent exemptées des standards minimaux pour l'élevage de l'Union européenne (UE), l'entreprise jouirait d'un cadre réglementaire exceptionnellement peu contraignant, ce qui laisse craindre une maltraitance animale particulièrement grave. Des pieuvres issues de l'aquaculture pourraient être commercialisées en France si ce projet de l'entreprise espagnole sur les îles Canaries aboutit ou si une ferme de poulpes est construite ailleurs. En outre, des élevages industriels de poulpes pourraient même s'implanter directement en France.
À rebours du cadre normatif permissif dans l'UE, l'aquaculture des poulpes est sur le point d'être interdite aux États-Unis. En particulier, elle souhaite lui signaler qu'une proposition de loi visant à interdire l'élevage de poulpes et l'importation de ces invertébrés issus de l'aquaculture a été déposée au Congrès (Opposing the cultivation and trade of octopus produced through unethical strategies act, législature 2023 - 2024) et que deux états (le Washington et la Californie) viennent d'interdire tout élevage de poulpes.
Elle aimerait savoir si elle demande à la Commission européenne d'interdire l'élevage industriel de poulpes dans l'UE et si elle s'opposerait à l'importation dans l'UE de poulpes issus d'éventuelles futures fermes aquacoles situées en dehors de l'UE. Elle lui suggère avec véhémence d'imposer un moratoire sur d'éventuels projets d'aquaculture de pieuvres en France.

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Crédits

Soumis par Thierry Lherm

Sources

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Attentes citoyennes

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estiment que le « bien-être » des animaux de ferme n'est pas assuré aujourd'hui en France

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